Accueil / Économie

La contribution de solidarité impactera la consommation des ménages

Temps de lecture

Afin de dégager quelques recettes supplémentaires, le gouvernement a prévu d’appliquer une «surtaxe Covid» de 1,5% sur les salaires à partir de 10000 DH net mensuels. Pourtant, la consommation des ménages sera l’une des clés du rebond économique alors que leur confiance se situe déjà à un niveau historiquement bas. Si la hausse de l’impôt sur revenu (IR) pouvait passer pour une mesure impopulaire, il faudrait avoir une vision 360° de la situation. L’effort supplémentaire demandé contribuera indirectement à sauver des entreprises et donc à préserver des emplois.

Vu les conséquences de la crise sur l’emploi et le pouvoir d’achat, l’on pouvait s’attendre à tout sauf à une hausse de l’impôt sur le revenu. Cependant, afin de dégager quelques recettes supplémentaires, le gouvernement a prévu d’appliquer une « surtaxe Covid »de 1,5% sur les salaires à partir de 10000 DH net mensuel, soit 120000 DH par an. Que l’on émarge à 10000 DH par mois ou 100000 DH, le taux de prélèvement reste inchangé à 1,5%. Lorsqu’elle avait été instituée en 2013 pour les personnes physiques, cette surtaxe était appliquée uniquement sur les hauts revenus, c’est-à-dire à partir de 30000 DH net par mois. Pour 2021, la cible sera donc plus large.

Un impact malvenu sur la consommation des ménages

Pour quelqu’un qui émarge à 1.000 DH net mensuels, être taxé de 150 DH par mois par solidarité resterait acceptable en temps normal. Sauf que nous sommes dans une conjoncture exceptionnelle où des dizaines de milliers de personnes ont perdu leur emploi et ceux qui l’ont gardé ont dans de nombreux cas dû sacrifier une partie de leurs salaires. À côté, le contexte a imposé des dépenses imprévues en liaison notamment avec l’enseignement à distance.

De façon générale, la consommation des ménages sera l’une des clés du rebond et toute mesure de nature à affecter le pouvoir d’achat va contrarier la reprise de leurs dépenses. De plus, leur confiance a été durement affectée par la crise et l’indice la mesurant se situe à un niveau historiquement bas (60,6 points) selon la dernière enquête du HCP. Ceci ne plaide pas pour un rebond rapide de la consommation des ménages. Les craintes d’une hausse du chômage restent élevées (87% des sondés s’attendent à une hausse du chômage au cours des 12 prochains mois). La conséquence directe se voit sur les prévisions de dépenses durables. Elles ne sont simplement pas au programme pour 74% des ménages. L’un des challenges sera de restaurer la confiance des ménages. Et, pour cela, il faudra des mesures de soutien au pouvoir d’achat.

Préserver l’emploi à travers le Fonds d’investissement stratégique

La hausse de l’IR pour certains contribuables pourrait passer pour une mesure impopulaire. Toutefois, le gouvernement fait avec les moyens à sa disposition. L’essentiel de ses recettes provient de l’impôt. En dépit du contexte, il est donc obligé de demander plus d’efforts aux contribuables. Le problème est qu’un grand nombre d’assujettis échappent à l’impôt, ce qui fait que l’effort repose sur une frange seulement. Dans le cas de l’IR, ce sont les salariés qui assurent la majeure partie des recettes. Ceci étant, l’effort supplémentaire demandé contribuera entre autres à sauver des entreprises et donc à préserver des emplois. En effet, la contribution du budget au fonds d’investissement stratégique sera de 15 milliards de DH sur une taille cible de 45 milliards de DH. Ce Fonds a vocation à prendre des participations dans les entreprises afin de restaurer leur capacité d’investissement.

Le gouvernement peut recourir massivement à la dette pour financer les dépenses et relancer l’économie. La dernière opération du Trésor sur le marché financier international a démontré que le Maroc pouvait encore se financer à des conditions intéressantes. Cependant, une flambée de la dette pourrait changer cette donne et pousser les investisseurs à exiger une prime de risque plus élevée. Pour 2021, le gouvernement a budgétisé 107 milliards de DH au titre des emprunts, dont 41 milliards de DH auprès des bailleurs de fonds étrangers.

L’environnement est mouvant et la relance peut être plus coûteuse qu’anticipéaujourd’hui. Il faudra donc garder des cartouches en réserve.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Blé tendre : le Maroc renforce son alliance avec la Russie

Économie - Le Maroc a décidé de maintenir le soutien gouvernemental pour l’importation de blé tendre jusqu’à fin avril 2025.

Ilyasse Rhamir - 20 décembre 2024

La loi de Finances 2025 publiée au Bulletin officiel

Économie - La loi de Finances 2025, promulguée par le Dahir n° 1-24-65 du 13 décembre 2024 a été publiée dans le Bulletin officiel.

Mbaye Gueye - 19 décembre 2024

Le commerce extérieur au vert, malgré un déficit croissant

Économie - Bank Al-Maghrib (BAM), a révélé que les exportations de biens marocaines ont connu une hausse de 6,2% à fin octobre 2024 par rapport à la même période de l’année précédente.

Mbaye Gueye - 19 décembre 2024

Les OPCVM atteignent 663,3 MMDH d’actifs nets à fin novembre 2024

Économie - Une hausse de 18,5% depuis le début de l’année, selon le rapport de la politique monétaire publié par Bank Al Maghrib.

Rédaction LeBrief - 19 décembre 2024

L’inflation attendue à 0,8% au T4-2024 (BAM)

Économie - BAM a indiqué l’inflation au Maroc devrait revenir à 0,8% au quatrième trimestre (T4) 2024, après 1,3% le trimestre précédent.

Mbaye Gueye - 19 décembre 2024

L’ACAPS renforce la protection des assurés, affiliés et adhérents

Économie - L'Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS) a publié son rapport annuel 2023.

Mbaye Gueye - 18 décembre 2024

Injaz Al-Maghrib : une assemblée générale sous le signe des réalisations et de l’avenir

Économie - L’assemblée générale ordinaire d’Injaz Al-Maghrib s’est tenue le 17 décembre 2024 au siège de Wafa Assurance, à Casablanca.

Mbaye Gueye - 18 décembre 2024

Banques : le besoin en liquidité atteint 131,6 MMDH au T3 2024

Économie - Le besoin en liquidité des banques marocaines a atteint 131,6 MMDH en moyenne hebdomadaire au troisième trimestre 2024

Rédaction LeBrief - 18 décembre 2024
Voir plus

Banque mondiale : le spectre d’une imminente crise de la dette

Économie - Dans son nouveau rapport sur la dette internationale, la Banque mondiale alerte sur le risque de surendettement des pays pauvres.

Manal Ben El Hantati - 12 décembre 2022

Driss Guerraoui primé à Barcelone

Économie - Le professeur Driss Guerraoui, président de l’Université Ouverte de Dakhla, a reçu le Prix international du leadership en intelligence économique pour l’année 2024.

Ilyasse Rhamir - 6 décembre 2024

CNT : Hamid Bentahar réélu

Économie - Hamid Bentahar se voit réélu pour un mandat de 3 ans à la tête de la CNT et Othman Ibn Ghazala élu vice-président générale.

Ilyasse Rhamir - 30 septembre 2024

HCP : la croissance de l’économie nationale devrait augmenter au T1-2023

Économie - Selon les projections du HCP, la croissance de l’économie nationale s’est située à 1,4% au dernier trimestre de 2022.

Rédaction LeBrief - 3 janvier 2023

Budget 2025, réforme sociale : les annonces de Younes Sekkouri

Économie - Avec une enveloppe budgétaire globale de 14 milliards de dirhams, le ministère ambitionne de relever plusieurs défis, notamment dans les domaines de l’emploi et du soutien économique.

Rédaction LeBrief - 30 novembre 2024

Bank Al-Maghrib prépare le lancement du marché secondaire des créances en souffrance

Économie - Bank Al-Maghrib (BAM) s'apprête à révolutionner le secteur bancaire marocain en mettant en place un marché secondaire des créances en souffrance.

Farah Nadifi - 29 novembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire